Se comparer
T’est-il déjà arrivé de regarder ce que d’autres faisaient et de te sentir mal : « il/elle/iel a ceci ou cela, et moi non », d’éprouver, en somme, de la jalousie ?
Ah la jalousie, ce sentiment désagréable qui t’étreins quand d’autres réussissent (mieux) là où tu as l’impression de ramer, d’être mauvais.e, ou d’échouer…
Et si la jalousie était un bon signal ?
Quand j’ai commencé à écrire, je me disais que j’aimerais faire comme Rimbaud : être une poétesse reconnue à 17 ans. Puis j’ai eu 18 ans puis les années ont passées et m’ont de plus en plus éloignée de mes 17 ans et d’une reconnaissance de génie précoce. D’autres auteur.ices de mon âge, voire plus jeunes, publiaient leur premier roman. Je participais à des ateliers d’écriture, à des concours de nouvelles et d’autres étaient reconnus à ma place ! J’étais jalouse parce qu’ils réussissaient là où moi j’aurais voulu briller, là où je restais bien terne.
Parce que je me mettais la pression pour atteindre un rêve qui me semblait reculer à mesure que j’avançais la main.
Parce que je voulais être reconnue comme autrice.
Parce que, conséquence des deux autres points, je n’écrivais pas ou très peu. Cette jalousie sabotait ma créativité.
Parfois j’étais jalouse au point de ne pas vouloir ouvrir le livre des autres parce qu’ils étaient plus jeunes que moi. Parfois je m’en rendais compte à la fin : j’avais adoré leur récit, je regardais la 4è de couverture, par curiosité, et découvrais que l’auteur.ice avait quelques années de moins que moi. Je gardais un goût amer d’une lecture que j’avais pourtant adorée.
La jalousie douloureuse
Ça fait mal la jalousie, ça te prend à la gorge, ça te rend morose ou colérique. Ça te fait détester l’autre et toi-même à la fois. Et ça occupe l’esprit, ça bouffe ton temps et ton énergie et ça te fait culpabiliser parce que tu pourrais utiliser cette énergie à autre chose, comme écrire, mais tu n’y arrives pas… Et tu es en colère et triste et frustré…
Tu vois le serpent qui se mord la queue ?
Or, je vais te confier quelque chose : tu ne pourras jamais te débarrasser complètement de la jalousie.
D’abord parce qu’elle se déplace : en effet, l’être humain vit de désirs et une fois l’un réalisé, un autre se présente et la possibilité d’être jaloux est sans cesse reportée. D’abord je suis jalouse de ce qui écrivent des romans puis j’en écris un. Ensuite je suis jalouse de ceux qui publient des romans. Et j’en publie un… Tu vois le procédé ?
De plus, et c’est une bonne nouvelle, la jalousie peut être très utile.
Comment la gérer ? Astuce de coach de vie littéraire
Elle est un signal d’alarme que t’envoie ton cerveau. Certes elle enclenche des réactions émotionnelles désagréables afin que tu la reconnaisses, mais une fois que tu l’as reconnue, tu peux écouter ces émotions, accepter de les vivre et d’entendre ce qu’elles viennent te dire.
Si tu l’observes avec curiosité, ta jalousie peut t’aider à identifier tes désirs ou te rappeler ce à quoi tu aspires : tu jalouses des écrivains publiés ? Mais est-ce que tu écris ? Est-ce que tu présentes tes manuscrits à des éditeurs ?
C’est un beau signal qui peut te faire réfléchir sur tes priorités, sur la manière dont tu vis…
Parfois elle peut te permettre de te rendre compte que tu te trompes de rêve. Rappelle-toi que je voulais être comme Rimbaud, avoir publié des textes avant mes 20 ans. Une fois les 20 ans dépassés, allais-je rester avec ma jalousie et mes regrets parce que je n’étais pas une jeune écrivaine reconnue ? Est-ce que ça valait encore le coup d’écrire ? Oui, bien sûr ! Parce que je me trompais de rêve : je voulais simplement être écrivaine. Jeune ou non finalement, peu importait.
Tu ne te sens pas à la hauteur des écrivain.e.s que tu admires ? Tu te compares à eux et tu penses que jamais tu ne feras aussi bien ? Et si tu transformais ça en bonne nouvelle : jamais tu ne feras pareil que les autres et tant mieux. Tout simplement parce que, tout comme nous utilisons tous les mêmes mots (à peu près), nous avons tous un timbre de voix différent, des expressions favorites, une vision personnelle du monde, un style propre et unique.
Utilise ta jalousie ou ton admiration pour te lancer, pour tenter d’atteindre ton idéal, en suivant ta voie/x.
Petit exercice pour finir
Je te propose un petit exercice pour finir : fais la liste de toutes les personnes que tu envies ou jalouses. Pour prendre le pendant positif, tu peux ajouter toutes celles que tu admires.
Puis demande-toi pourquoi tu les jalouses, envies ou admires ? Tu auras la liste de tes désirs.
Enfin demande-toi ce que tu peux mettre en place pour atteindre ces rêves. Dis toi que c’est possible et qu’il y a de la place pour tout le monde.
Je te remercie de m’avoir lue et te souhaite d’être jaloux et d’admirer beaucoup pour viser plus haut.
Pour aller plus loin, tu peux aller voir ma vidéo sur Instagram et écouter cet épisode de « change ma vie ».